gond-cri
ton gond crisse quand s’ouvre
lèvre-bouche sans dents
les charnières qui s’épousent
gonfle l’être en dedans.
ton gond crisse quand s’ouvre
lèvre-bouche sans dents
les charnières qui s’épousent
gonfle l’être en dedans.
émergence
entre mon corps et ta bouche : ta main
ferme et tendre fonctionne
esprit ailleurs qu’en tête
jaillit par les pores
jusqu’au fer forgé par ta langue
tendu
le corps ailleurs qu’en pores
jaillit dans ta tête.
ça parle
quand ça peut ça gicle
c’est dans les yeux que ça perce
l’écrit l’écran le creux
ça rentre fort quand ça forge
là où ça voit se forme
poésie.
entre oreilles et cuisses rien
juste laper salé
nez enfoui lèvres sur lèvres
plafond sol disparus
ancrer le corps
sur le tendre
juste
atteindre l’autre en soi.
tout de triste habillée la mère
ramassée dans les cauchemars infantiles
tétant l’amère lactescence
de toute une vie à genoux
à ne croire qu’en la Croix
mains jointes
attendre
que ça vienne vers toi
la peau le sang les mains
de tous ceux
que tu ne cherches pas.
il n’y a pas qu’une vie pour ceux qui n’ont pas eu d’enfance
tes mains ouvrières auraient dû savoir
que quand on détruit quelque chose
ça ne fait que se multiplier
au début ça s’éparpille un peu
on ne sait pas rattraper
les mains ramènent tandis que les pieds marchent
ça n’aide pas vraiment pour être naturel
mais tout finit par se ramasser
à grands coups de langue on ravale tout
on s’en fait des histoires pour habiller ses doigts
et apprendre enfin comment ça marche les caresses.
je t’ai toujours détesté
mais il n’y a pas de haine là-dedans
tu vois bien comme je suis calme
couché
grâce à toi
certains m’ont ramassé à la petite cuillère
et d’autres m’ont mangé à la louche
et quand ils m’ont conchié par la bouche
je suis devenu un être de papier
libre et détaché
qui peut te dire enfin :
ce que tu as fait de mieux dans ta vie, c’est mourir.
Tu pars comme je rentre
Et
Dans le chambranle de la porte nous croisons nos fers
La colère nous monte et les boulets nous traînent
Il ne manquerait plus que nous soyons tranquilles
Nos affronts ne sont plus aussi tendres qu’avant
Quand nous étions si tendres que nous étions plein de marques
Le temps a durci même le bout de nos poings
Et il faut voir maintenant comment ça cogne ici
Il n’y a pas que les murs pour y laisser des traces
Il y a aussi les replis et les rides de nos faces
Où nous marquons peines et cauchemars
Tendant le bras pour mieux en atteindre le fond
Tendant la jambe aussi pour atteindre leur fard
Il n’y a rien qui reste quand nous nous battons
Quand tu rentres en moi par des faits de violence
Tu m’arraches le palais sans laisser de répit
Et il faut toute une nuit pour me débarrasser de toi
Jusqu’à ce que le réveil gagne enfin la partie
Et laisse sur l’oreiller des traces de nos peaux
Que je pourrai lire quand l’aube sera levée
Et une fois dressé je partirai comme tu rentres.
Je voudrais que tu viennes avec toutes tes mains
Me montrer comment ça marche les caresses
Car je suis seul dans mon antre de reptile
Et je ne sais que faire de cette peau qui s’effrite
Je devine tes doigts qui tricotent mes pelures
Annonçant quelque chose qui résonne comme des mots
Je tirerai sur le fil pour t’aider un peu
Tu rhabilleras mes rêves abrupts comme la pluie
Grâce à ta langue habile nous ne serons pas mouillés
Car tu fabriques un toit pour me laisser aller
Vers quelque chose comme la chair que ta glotte fait naître
J’attends que tu attendes de me voir reparaître
Avec ma nouvelle peau qui te ressemble tant
Et quand tes mains pleuvront sur mon corps mué
Il sera bien temps de te laisser parler.
Quand les choses vont trop vite
Quand le temps ne passe pas
Quand l’être remplit tous les coins de sa loge
Ça surpasse les manèges que l’on fait dans les foires
Il y a de la splendeur dans ces moments d’attente
Un fauteuil suffit à nous tailler une scène
Et le spectacle s’ouvre à grands coups de cymbales
Le bruit nous surprend tellement il n’y a rien
Et ce rien nous détend tellement il est dansant
Toute une troupe est là qui s’enlace pour une valse
A petits pas comptés ça tangue vers le plafond
Parce qu’il n’y a pas de publique on marche comme on veut
Quand on a que l’ennui pour habiller l’horloge.